mandorle
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Les blasons sont connus comme des signes héraldiques caractérisant une famille, une ville ou une organisation mais ce sont aussi des poèmes apparus au milieu du 16ème siècle en France. Autour de Clément Marot, un groupe de poètes de cour a collectivement entrepris de blasonner des parties du corps féminin, c’est-à-dire de les observer, les décrire, et d’en faire l’éloge.  Ces blasons – dédiés à la gorge, aux lèvres, au sourcil, au pied ou au têtin ont donné lieu par la suite à des contreblasons, leurs pendants satiriques et critiques.
Ces blasons littéraires – contemporains des progrès de la dissection anatomique – proposent un pacte inédit et troublant entre perception, objectivation et esthétisation. Le corps de l’autre – le corps de celle que l’on blasonne – devient un terrain d’observation – sécable et appropriable ; le blason le place sur un piedestal, autant qu’il le vide de son humanité. Historiquement le blason littéraire est donc l’expression du privilège de celui qui découvre et regarde le monde et les autres comme sa possession, depuis un point de vue de surplomb.